Puisque pour l’exposition « Couples » à la galerie Analix Forever à Genève, Laure Tixier a fait le choix de montrer mon film « Cosmoworld », j’ai opéré une remasterisation du film initial, daté de 2002. Passage du format 720 SD à un format HDV1080 recadré en format 16/9. Enfin le film laisse définitivement sa bande son pour devenir muet. Ou plutôt pour laisser la liberté à chacun-e de se raconter ses propres histoires en regardant le film. Merci à Janet Biggs de m’avoir convaincu de laisser vivre notre imagination sur ces travellings oniriques. Plus de 20 ans après sa première présentation à Tokyo, « Cosmoworld » trouve enfin sa place et sa forme parmi mes autres films.
« Film d’ameublement rejoignant les théories musicales de Brian Eno en prolongement de celles d’Eric Satie et de Claude Debussy au début du siècle dernier, ce film met en pratique une méthode de travail récurrente dans les productions filmiques d’Aurélien Bambagioni : dompter les nombreuses possibilités hasardeuses offertes par notre environnement quotidien pour mettre en place un univers fictionnel souvent créé par l’exploration et la déambulation, tout en tirant partie de la mécanique des choses pour donner du mouvement à ses films. »
Comment vivre en couple si ce n’est en créateurs, en créatrices qui créent et qui soutiennent la création ? Comment connaître l’autre si ce n’est parce qu’iel crée ? Sublimer l’art de celle ou celui qu’on aime, n’est-ce pas la plus grande preuve d’amour ?
Trois couples d’artistes ont accepté de jouer le jeu. Chacun.e a choisi les oeuvres de l’autre et lui sert de commissaire. Chacun.e écrit sur le travail de l’autre, élabore, magnifie. Chacun.e a choisi l’espace pour l’autre, et la meilleure manière d’installer, accrocher, éclairer ses oeuvres.
Trois couples d’artistes vivent tous ensemble une nouvelle expérience de couple.
La résidence est terminée. L’exposition démontée. Je laisse la maison-phare de l’île Wrac’h et mon rôle d’artiste-gardien derrière moi. Ainsi que cette magnifique région du Pays des Abers. Mais l’horizon n’a pas de fin #RochGoredpic.twitter.com/dug1dP01O4
Lors de mon premier temps de résidence dans la maison phare de l’île Wrac’h en octobre 2021, j’ai pu me familiariser avec l’environnement de l’Aber Wrac’h. Seul au milieu des éléments à scruter l’horizon. Je l’ai respiré, je l’ai écouté, je lui ai parlé. Et j’ai tenu un podcast de bord à chaque séjour sur l’île : « Roc’h Gored » du nom de l’île Wrac’h en breton.
J’ai tout de suite imaginé un triangle des feux de l’Aber avec la maison phare de Wrac’h et ceux visibles depuis la petite île : le phare de l’île Vierge situé à quelques milles nautiques et celui de Lanvaon, dressé à un kilomètre dans les terres vers Plouguerneau, dans l’axe du fanal de Wrac’h. C’est devenu le fil rouge de mon projet d’exposition. Et son titre aussi.
Trois films ont émergé de cette année de recherches et de création puisque je suis revenu ici en mai et juin 2022. « Le triangle des feux » du nom éponyme de l’exposition, « La tempête » et « TUBA ». Cette trilogie dessine un triangle. Au sens visuel du terme. Trois angles d’approches du territoire. Trois manières différentes de regarder ses phares.
« Le triangle des feux » se classe dans ce que j’appelle mes films d’ameublement. Ou mes films Wikipédia. Entre la fiction et le documentaire, il pose le cadre de ma résidence. De son côté, « La tempête » s’éprouve. Même si la version proposée ici ne dure qu’1h45, le film original, tourné lors de la première tempête de la saison en octobre 2021, court sur 4h30. Ce film a lui seul pourrait représenter le temps long du métier de gardien de phare. Il symbolise en tous les cas ma résidence et ma résilience face aux éléments naturels et à la solitude lors de ces différents séjours. Enfin « Tuba » met en avant l’architecture vertigineuse des phares et plus particulièrement celle du phare de l’île Vierge, le plus haut d’Europe, dans toute sa puissance, sa majesté et son rayonnement.
Mais un phare ne serait rien sans les hommes et les femmes qui les ont imaginés, qui les ont bâti et qui les ont habité. Aussi la pièce « Une longue vue, de longues vies » vient rendre hommage à celles et ceux qui les ont gardiennés. Dans la salle principale du phare de Wrac’h, une longue vue gravée des noms des derniers gardiens et gardiennes des trois phares de l’Aber Wrac’h, célèbre leur travail et leur mémoire en les sortant de leur anonymat. Cet instrument d’observation de l’horizon nous projette en arrière, dans des gestes perdus des gens de la mer et vient comme une plaque commémorative, nous dire qu’ils auront été les derniers. Les derniers d’un métier abandonné autant que les lieux pour lesquels ils auront beaucoup sacrifié. Lire leurs noms et regarder autour de soi à travers leurs réminiscences du passé. Mais aussi regarder devant, par la porte du phare ouverte vers la mer infinie.
L’exposition met surtout en avant des « points de vues » sur les lieux de l’Aber que j’ai visité lors de mes différents temps de résidence, en exploitant la carte de médiation présente sur le sol du phare. Comme sur un tapis de jeu ou d’éveil pour les enfants, j’y ai apposé des petits palets en bois, blancs et bleus, symbolisant les points de géolocalisation dans les applications mobiles. C’est la version « In Real Life » d’un projet photographique en cours depuis 2009, où je cartographie mes passages quelque part par une prise de vue satellitaire à travers mon iPhone et que je publie sur Internet en temps réel. Un de ces Comeback, le 843ème qui correspond à la photo prise à mon arrivée à Wrac’h, est aussi proposé en tapis de sol dans une forme plus importante à l’entrée du phare, dans le sas en pierres taillées. Dans l’axe de la longue vue, de la porte et de la mer Celtique. Ce point place le visiteur, dès son arrivée dans l’exposition, dans la position de l’artiste puisqu’il est lui-même en quelque sorte géolocalisé, in situ.
Les productions de l’exposition ont reçu le soutien du Conservatoire du littoral, de la Communauté de communes du Pays des Abers et de la ville de Plouguerneau. Le film « Tuba » a plus particulièrement fait l’objet d’une convention avec le Conservatoire du littoral et de la Communauté de communes du Pays des Abers. Le phare a été privatisé et le tournage encadré par l’Office du tourisme.
Remerciements chaleureux à l’association Île et Phares du Pays des Abers pour la résidence d’artiste et pour l’exposition.
Nouvelle saison pour le podcast Roc’h Gored avec la deuxième et dernière partie de ma résidence entamée à l’automne dernier. Du printemps 2022 pour le premier épisode de la saison 2, avec un retour au Pays des Abers pour tourner le troisième film de ma trilogie sur ce triangle des feux jusqu’à l’été et le montage de l’exposition pour le dernier épisode. La conclusion d’une année exceptionnelle, seul dans le phare de l’île Wrac’h, face à l’horizon, en mode Verstohlen, si cher à la philosophe Cynthia Fleury.
Lundi j’étais sur l’île Vierge avec @Gardien2Phare et @gersalou pour faire les images de « Tuba » un des trois films que je vais présenter cet été dans la maison-phare de l’île Wrac’h. Tournage incroyable. Images vertigineuses. Le film a reçu le soutien @littoral_cd. Merci. pic.twitter.com/YFGhaO1cp5
Après deux ans sans pouvoir faire de match, Paolo Del Vecchio a sélectionné une nouvelle Squadra Diaspora pour un match de gala contre le Red Star. Toujours avec le numéro 27, j’étais en défense centrale contre Steve Marlet face à moi. Le vrai artiste, c’était lui.
Je prépare ma prochaine exposition qui aura lieu en juillet sur l’île Wrac’h. Voici un aperçu d’une carte où figurent les #Comeback@abcreation numérotés de #843 à #858 réalisés durant mon premier séjour. Ils seront au cœur d’une grande installation cartographique dans le phare. pic.twitter.com/I27PcllMlt
Et lors de la 1ère tempête de l’hiver, en résidence au phare de l’Île Wrac’h, @abf1 a pointé pendant 24h sa 📽️ sur le phare de l’Île Vierge pour réaliser un 1er film.
Fàros est un film sur le temps perpétuel d’un phare. Sur son signal attendu, tourné vers la mer. Il invite le spectateur dans le mouvement d’une optique de Fresnel. On entre ainsi dans la coupole d’un phare, sur la plateforme qui domine l’horizon. Le nom Fàros évoque l’île où se trouvait le phare d’Alexandrie. Depuis sa mise en route au crépuscule au manège qui éclaire la nuit noire, le rythme hypnotique du signal interagit dans la salle des sculpture de l’Hôtel de Cheusses du musée national de la Marine de Rochefort où le film a été montré dans l’exposition « L’archipel des sentinelles », comme si le faisceau balayait la pièce et en révélait des détails. Tourné au phare de Pen Men sur l’île de Groix.
Co-production Musée national de la Marine & Collectif ACTE avec le soutien de la direction interrégionale de la mer Nord Atlantique – Manche Ouest – 2020
Ce matin, 7h30 #Wrach Bruine et pointes de vent à 20 nœuds. Tout est barricadé. Le vent siffle. La pluie s’installe. Une nouvelle résidence d’artiste commence. À l’économie et à la surveillance du bâtiment, plus seulement à celle de l’horizon. Celle que j’attendais vraiment. pic.twitter.com/imXXsN3XNS
J’ai décidé de témoigner de mon temps de résidence sur Wrac’h par la voix, sous forme de podcast. Comme un gardien de phare qui garde le contact avec la terre par la radio. Exclusivement, chaque matin, chaque soir. Alors comme lui, tous les jours, dans la mesure des possibilités que m’offrira le panneau solaire pour recharger tous mes appareils, j’essayerais de publier un épisode.
Roc’h Gored Podcast d’une résidence d’artiste dans la maison-phare de l’île Wrac’h dans le Finistère nord. Le nom de cette île en Breton ? Roc’h Gored.
« Aurélien Bambagioni arrive sur l’île Wrac’h comme gardien du phare, du temps et de l’horizon. Sa venue avait été initialement prévu en mars 2020 et annulé à cause du confinement dû à la pandémie de Covid 19. Il était programmé dans un premier temps que la résidence se fasse en compagnie d’Anaïs Marion pour travailler sur leur projet d’exposition « L’archipel des sentinelles » pour le musée national de la Marine à Rochefort. Depuis, l’exposition étant en place jusqu’au 31 décembre 2021, Aurélien se présente seul pour continuer ses recherches autour du paysage, de l’insularité, des phénomènes météorologiques et des éléments de signalisation issue du génie civile. Comme à son habitude il va capter le temps et s’inspirer du site grandiose de l’Aber Wrac’h pour préparer entre autres, une exposition dans la maison-phare à l’été 2022. »
Je suis dans le Paris-Brest. Je vais enfin découvrir le bout du bout. Ou du moins de son nez. Cette petite île et sa maison-phare. Et la vie si longtemps lu, vu et entendu dans les correspondances et témoignages des gardiens de phares. En moins rude évidemment. Mais sans trop de luxe non plus. Pas d’eau potable, peu d’électricité (un seul panneau solaire pour tout mon attirail de travail à tenir charger en permanence), pas de chauffage, pas ou peu d’Internet. Et surtout l’accès à terre ou à l’île à pied, exclusivement à marée basse. Je dois passer aujourd’hui à 15h. Avec une brouette pour mon baluchon de résident. Pour les courses, hormis les bidons d’eau pour boire et cuisiner, il va falloir composer avec les marées et les horaires d’ouverture de la supérette du village en face de l’île. Et cette semaine même si le soleil semble vouloir m’accompagner, la mer elle sera haute chaque matin. D’habitude je dois composer avec les horaires de bateaux pour aller ou rentrer de Groix. Ici ce sera presque uniquement la nature qui me guidera. Je vais tenir le cahier météo, surveiller les feux de l’Aber s’allumer et faire des quarts. Filmer et allumer la radio. Et remercier d’ores et déjà l’association Îles et Phares du Pays des Abers qui m’accueille pour ce séjour de recherche et de création qui débouchera sur un deuxième temps en juin 2022 et une exposition l’été prochain.